40,3% des Français envisagent une reconversion professionnelle. La moitié sont des hommes (52% contre 48% de femmes). Parmi eux, 37,5% veulent gagner plus d’argent, 30,6% à chercher plus de sens dans leur métier et 26,3% à vouloir changer d’horizon professionnel.
Alors, à quel âge peut-on se reconvertir ? Faut-il attendre d’avoir bien des années de bouteille ou risque-t-on d’être coincé·e dans un métier, un secteur qui nous colle à la peau ? La reconversion professionnelle a-t-elle un âge ? Est-ce uniforme quel que soit le métier ?
L’âge moyen pour une reconversion professionnelle en France
Y a-t-il une différence notable en fonction de l’expérience professionnelle ? Se reconvertit-on plus facilement quand on est jeune ou au contraire, quand on a déjà été confronté à une grande variété de situations professionnelles ?
Selon l’étude de l’Adie, qui finance et accompagne chaque année des miliers de nouveaux entrepreneurs, l’âge moyen de la reconversion professionnelle en France serait 36,9 ans. Ainsi, si l’on en croit cette étude, la crise de la quarantaine serait un moment charnière dans la carrière des Français.
Toujours selon cette étude, plus les années passent, moins il serait fréquent de réinventer sa carrière. 50% des moins de 45 ans envisagent de se reconvertir, contre 33% des 45-55 ans et 25% seulement des + 55 ans.
37,8% des personnes intéressées pour se reconvertir voudraient créer leur entreprise. Parmi ces entrepreneurs en herbe, 44% ont moins de 45 ans, 31,8% ont entre 45 et 55 ans et 21,6% ont entre 55 et 65 ans.
Indubitablement, la reconversion professionnelle et l’entrepreneuriat séduisent globalement des profils plus jeunes. Pourtant, cela veut-il dire que les personnes plus expérimentées n’aient pas leur place dans de nouvelles fonction ou doivent s’auto-censurer ?
Y a-t-il un âge limite pour faire une reconversion professionnelle ?
Notre cerveau est câblé pour apprendre à tout âge, s’il est stimulé
À ceux qui pensent qu’ils sont trop vieux pour apprendre qu’être dans la fleur de l’âge leur donne un avantage : débunkons ce préjugé.
La science nous apprend que l’apprentissage est un processus cognitif qui se déroule en deux étapes : l’acquisition de la connaissance et le stockage dans la mémoire. En résulte une sorte d’empreinte qui reste dans le cerveau, sous forme d’un changement de dialogue entre les neurones concernés par l’expérience vécue ou l’information engrangée. Les synapses (leurs connexions) sont renforcées ou diminuées. Cette trace physique de ce que nous apprenons laisse donc une trace physique dans le cerveau, que les scientifiques nomment « plasticité cérébrale ». Les neuro-scientifiques vous diraient donc que rien n’est figé dans le cerveau et que la facilité à apprendre des choses est avant tout quelque chose qui se travaille.
Si vous nous suivez, vous aurez compris qu’une petite jeune de 25 ans qui ne fait pas l’effort de mémoriser des choses et est peu curieuse aura moins de facilités d’apprentissage d’un nouveau métier qu’un quinquagénaire proactif, qui a appris des choses tout au long de sa carrière. Bref, la formation continue est avant tout une histoire d’envie et d’effort que d’âge à proprement parler.
Le jeunisme et l’âgisme sont-ils une réalité du monde du travail ?
« Je n'embauche plus les personnes nées avant 1986 parce que ces profils ne savent pas se servir du Web ». C’est ce qu’a entendu Céline Vassy, une quinquagénaire qui travaille pourtant dans le marketing digital. Dans un post qui exhorte à ne plus “stigmatiser les boomers”, la professionnelle se défend. Effectivement, un rapport du Conseil supérieur de l’Egalité professionnelle entre les femmes et les hommes (CSEP) souligne que 57% des hommes de 55-64 ans sont en activité, contre 53% des femmes.
Ces dernières seraient en effet particulièrement touchées par des discriminations liées à leur âge, selon Esther Malka et Marie-Odile Lhomme, à l’initiative d’Arcé Avenir Femmes, une association œuvrant pour l’inclusion professionnelle des femmes de plus de 45 ans. Pour elles, « les recruteurs ont tendance à voir la femme de plus de 55 ans comme fatiguée, rigide intellectuellement, obsolète. Soit on ne l’embauche pas, soit on la placardise ou on ne lui propose plus d'offres de formation ». Tout cela explique que l’écart salarial (et de droits à la retraite) se creuse ; Laetitia Vitaud, l’experte du futur du travail, a d’ailleurs commenté ce phénomène dans un article sur l’âgisme au féminin pour ViveS en 2021.
De l’autre côté, les jeunes se plaignent aussi du jeunisme dont font preuve certains employeurs, qui veulent des salariés expérimentés (alors qu’ils cherchent une première expérience) et seniors (comprendre, avec 3 ans d’expérience) pour être « directement opérationnels ».
Pourtant, chaque âge peut faire valoir ses avantages sur le marché du travail :
Pour les plus jeunes :
leur formation récente et souvent pointue, qui amènera de nouvelles perspectives
leur propension à s’engager et prendre à cœur les sujets
le fait qu’ils ne soient formatés à aucun contexte d’entreprise et adaptables
leur aisance dans le numérique, en tant que digital natives
Pour les plus expérimentés :
leurs soft skills développés pendant de nombreuses années : travailler en équipe, communiquer, manager, etc
leur longue expérience professionnelle, qui leur permet de s’adapter à toute situation
leur expertise technique
Nous avons vu qu’à tout âge, on peut apprendre — les plus digital savvy ne sont peut-être pas ceux que vous croyez, et les meilleurs experts techniques non plus. Malgré certains clichés qui ont la dent dure, on trouve de très bonnes surprises parmi tous types de profils et cela, les recruteurs le savent.
Y a-t-il un âge limite pour reprendre une formation ?
Spoiler alert, pas du tout !
Au contraire, avec l’évolution rapide des métiers et l'apparition de nouvelles spécialités de la Tech, il faut se préparer à apprendre toute sa vie.
L’intelligence artificielle, l’internet des objets et la data, pour ne citer que quelques enjeux, ont transformé en quelques années le paysage des métiers, et ce n’est que le début.Les modalités d’études ont évolué. On peut effectuer une reconversion professionnelle en suivant une formation courte, à distance, en parallèle de son travail ou en ligne. Il est même possible d’étudier en alternance après 30 ans, si l’on est demandeur d’emploi ou travailleur handicapé, en étant rémunéré.
La plasticité cérébrale s’entretient. On peut donc engranger de nouvelles connaissances à tout âge. D’ailleurs, l’expérience est un atout dans une reconversion professionnelle : on a déjà les bons réflexes pour apprendre et on connaît le monde de l’entreprise.
Grâce aux formations, on élargit son réseau. On rencontre de nouveaux profils qui nous apporteront beaucoup dans cette nouvelle phase professionnelle.
Reprendre ses études pour une reconversion professionnelle permet de souffler. Les études sont intenses, certes, mais elles représentent une respiration.
Focus : Particulièrement efficace pour se reconvertir sans payer sa formation et en gagnant de l’expérience, l’alternance est accessible à tout âge, tant qu’on est demandeur d’emploi.
Le contrat de professionnalisation permet en effet à des demandeurs d’emploi de tous âges et des publics particuliers (notamment les personnes bénéficiant d’une reconnaissance RQTH) d’obtenir un contrat.
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Chez Ironhack, tant l’alternance que les bootcamps de courte durée (en présentiel ou 100% en ligne) rendent la reconversion professionnelle accessible à tout âge.
